L'héritage de l'art du combat par le Karaté:

Autrefois vivaient des hommes exceptionnels d'efficacité dans le combat à main nue, capables de réaliser par l'entraînement des performances incroyables aux yeux de leurs contemporains.

 

Aujourd'hui nos professeurs vous apprennent ces techniques, dans un esprit sportif, avec tout le sérieux que demandent ces enchaînements d'une efficacité redoutable.

 
 
N'oublions pas que l'art du sabre, tout comme le Karate-Do, est avant tout l'art de ne pas dégainer. C'est une protection non une provocation.
Gichin Funakoshi

 


11) Histoire des katas et des bunkai.

L'héritage des Maîtres.

Les katas sont au cœur même de l'histoire du karaté. Ils sont l'héritage que nous lèguent les grands maîtres. Les noms des katas font souvent écho à leur origine chinoise, soit par leur poésie naturaliste, le nom du maître qui les a transmis ou, lorsque modifiés dernièrement, à des références plus japonaises. La plupart des noms japonais sont originaires d’Okinawa, et leur signification nous échappe parfois. Nous pouvons seulement lire les caractères kanji avec lesquels ils sont composés, et deviner ce à quoi pensait celui qui les a créés. Dans certains cas l’origine du nom est évidente. Pour d’autres on ne peut que supposer. En fait, dans la plupart des cas les caractères kanji avec lesquels sont écrits les noms des katas,ne sont pas connus avec certitude, et différents instructeurs asiatiques pourraient écrire les noms des katas avec des caractères différents.

Pour différentes raisons, les créateurs de katas n’ont pas écrit beaucoup de choses sur leur passion pour les arts martiaux et sur les concepts qu’ils voulaient faire passer en les créant. Un certain nombre de katas se sont perdus au cours de l'histoire. Lorsqu'un maître ne trouvait pas de successeur convenable; il préférait parfois voir son kata disparaître avec lui-même. Il restait alors seulement le nom du kata dont le contenu demeurait inconnu. Parfois aussi la transmission ne se terminait pas complètement, lorsque le  maître mourrait, ou le  disciple abandonnait tout simplement sa pratique. Pratiquement aucun écrit n'a pu être retrouvé, car la transmission de la connaissance du savoir de Maître à élèves se faisait de manière orale, de plus à l'époque peu d'entre savaient lire ou écrire. Habituellement, un Maître avait un élève interne (Uchi-Deshi) et un élève externe (Soto-Deschi). Le successeur officiel était le Soto-Deschi, et pourtant celui-ci n'est pas le détenteur de toutes les clés du savoir contenu dans les katas du Maître. Ces secrets étaient détenus par le Uchi-Deshi, d'où une perte de certains enseignements.

Un kata de karaté se présente comme une suite de 20 à 60 techniques toujours exécutés de la même façon, il sont destinés à transmettre les principes originels des différents Budos. Selon le degré de difficulté du kata, le karatéka effectue des techniques qui simulent un combat établi selon un cheminement précis contre plusieurs adversaires. Bien sûr, ils sont imaginaires, mais chaque technique doit être exécutée avec l'état d'esprit d'un combat réel. Ainsi, certaines techniques du karaté ont été développées dans un contexte bien particulier; par exemple, les tobi-geri (coup de pied sauté) étaient utilisés pour désarçonner un Samouraï à cheval. Les katas formaient jusqu'à la dernière guerre, avec les assauts conventionnels, la seule forme d'enseignement du karaté; ils contiennent toutes les techniques transmises par les maîtres, et en y consacrant du temps le karatéka peut y découvrir une importante source de progression. L’idée même que vous êtes en train de réaliser une technique qui a été transmise de maître à élève depuis 50 ans et dans certains cas depuis 400 ans, est fascinante et peut apporter de l’humilité. Ces exercices apportent bien plus que de la sueur et de la fatigue au karatéka, ils apportent une impression de perpétuité.
 


 





Les origines des katas du karatedo Shotokan.

(Par Olivier Lacroze)

Les katas font partie de notre pratique quotidienne du karatedo. Ils constituent pour nous un riche réservoir de techniques et d'enchaînements. Pourtant nous avons rarement le temps de nous pencher sur leur histoire pendant nos entraînements. Pourtant celle-ci est très riche et nous apprend beaucoup sur l'évolution de notre art martial.

1) L'île d'Okinawa (Ryu Kyu) est certes la patrie du karatedo mais elle a subi l'influence de son puissant voisin, laChine, pendant plusieurs siècles. Cette influence est présente dans les katas.Tout d'abord le roi d'Okinawa était le vassal de l'empereur de Chine depuis le XIV° siècle. Ainsi à chaque nouvelle accession au trône une délégation chinoise était envoyée sur l'île pour recevoir un tribut de la part du nouveau roi.

Selon des chroniques d'Okinawa, en 1683 il semble qu'un des chefs de la délégation portait le nom de Wanshû. Ce nom est aussi celui d'un kata dans les styles Wado ryu, Shito ryu et Shorin ryu. Pour le shotokan il s'agit du kata Empi.

De même d'après le "Journal d'Ôshima" rédigé en 1762 par un officier d'Okinawa, un expert de boxe chinoise du style du Nord nommé Kushanku ou Kosokun aurait fait partie de la délégation à cette période. Cet expert aurait séjourné dans un village réservé à la communauté chinoise nommé Kumemura et aurait transmis un kata à deux élèves okinawaïens. Le kata Kushanku ou Kosokun existe dans plusieurs styles et correspond au Kanku originel. Ce village a pu accueillir d'autres experts susceptibles de transmettre leur savoir dans l'île.

A ces liens politiques s'ajoutent des liens commerciaux, puisque des marchands d'Okinawa ont créé plusieurs comptoirs commerciaux en Chine. Ainsi plusieurs personnalités majeures du karate d'Okinawa ont fait des séjours réguliers en Chine ; c'est le cas de Matsumura Sokon dont nous reparlerons plus loin. Ensuite nous pouvons trouver des traces de l'influence chinoise à l'intérieur même des katas. C'est le cas avec le kamae (1) constitué par le poing droit recouvert par la main gauche, les pouces tournés vers soi (appelé Jiaï gamae ou Jiaï-no-kamae) que l'on retrouve au début des katas Jion, Jiin et Jitte, dans Bassaï Daï (cette fois les mains positionnées vers le bas) ou à la fin de Chinte. On le retrouve comme salut rituel dans la boxe chinoise dans laquelle il est nommé Jing Li : il peut représenter le Yin et le Yang unis ou la rencontre du Soleil (poing fermé) avec la Lune (main ouverte). Il fut aussi le signe de reconnaissance de la rébellion des Ming contre les Mandchous en Chine en 1644.

De la même façon le kamae d'ouverture de Kanku Daï, les mains placées en triangle par le contact des pouces et index, bras tendus vers le bas en avant du bas-ventre, se retrouve dans des saluts de boxe chinoise. Il symboliserait alors la fleur de lotus qui représente en Chine la pureté du coeur.

Enfin le cas du kata Gankaku semble aussi très intéressant. Celui-ci portait à Okinawa le nom de Chinto et aurait été transmis par un expert chinois portant ce nom. Il se caractérise notamment par une position sur une jambe appelée Tsuruashi dachi (Tsuru signifie héron) ou Sagiashi dachi : le cou du pied levé se loge dans le creux poplité du genou de la jambe d'appui légèrement fléchie. Cette position imite le héron ou la grue qui se tiennent sur une patte et n'est pas sans rappeler les positions du Bai-he-quan ou boxe de la grue blanche, qui est un style de boxe de la Chine du Sud.

2)Quelques personnages déterminants pour l'évolution des katas :

Tout d'abord il faut rappeler qu'il existe trois styles d'arts de combat sur l'île d'Okinawa.

Le Naha-te est le plus proche des styles de combat chinois du Sud, il est nommé Shorei ryu au XIX° siècle et il est à l'origine du karaté Goju ryu.
Le Shuri-te est plus proche des styles de combat de Chine du Nord et
devient le Shorin ryu au XIX° siècle, il est à l'origine du karate Shotokan de Gichin Funakoshi.
Le Tomari-te est
un style proche du Shuri-te avec lequel il a fusionné au XIX° siècle pour former le Shorin ryu.

* Matsumura Sokon (1809 ?)– 1902 ?) :
Connu comme garde du corps de trois rois d'Okinawa, il est considéré comme l'initiateur du Shorin ryu. Il enseignait des katas tels que Naihanchi (nom ancien de Tekki), Chinto (Gankaku), Passaï (Bassaï) dont il serait le créateur ou l'interprète d'une version chinoise, Seisan (Hangetsu) qu'il aurait rapporté de Chine, Kushanku (Kanku), Gojushiho, Chanan (kata aujourd'hui disparu) et Hakutsuru qui n'a pas été transmis dans le Shotokan. Matsumura Sokon a vraisemblablement été l'élève d'un expert chinois installé à Okinawa mais a aussi appris la méthode de kenjutsu (2) Jigen ryu développée par le clan japonais Satsuma. L'influence chinoise était donc bien présente dans les katas qu'il enseignait mais il a certainement apporté des interprétations personnelles qui ont marqué la forme de ces katas.

* Itosu Anko (1832-1916) "le pédagogue" :
C'est un fonctionnaire de la cour du Roi d'Okinawa et un élève de Matsumura Sokon. C'est lui qui introduit la pratique du Shuri Te dans les programmes d'éducation physique des écoles d'Okinawa à la fin du XIX° siècle. Dans cette optique il a réalisé un travail de codification et de simplification des katas.

Ainsi il est le créateur en 1905 des katas Pinan (Heian) à partir de Kushanku et Passaï. Il voulait donner à son karaté une image plus éducative et ces katas constituaient une approche idéale pour les débutants.

D'ailleurs la 1ère forme des katas Pinan codifiés par Itosu se pratiquait main ouverte, progressivement ces katas ont été enseignés avec les poings fermés afin d'éviter les blessures et certainement pour se rapprocher de la boxe occidentale. Cela permettait ainsi de satisfaire les goûts de modernité des Japonais de l'époque.

De la même façon Itosu est à l'origine de la création des 3 Naifanchi (Tekki) à partir d'un seul Naifanchi, de 3 Kushanku (Kushanku Daï, Sho et Shiho) à partir de l'unique Kushanku, de 3 Rohaï (Meikyo) et de 2 Passaï (Passaï Dai et Passaï Sho).

Itosu enseignait aussi Chinto (Gankaku), Chinte, Gojushiho, Jion, Jitte, Seishan (Hangetsu) et Wanshu (Empi).

Les modifications qu'il a apportées aux katas lui ont valu de nombreuses critiques. Ses élèves Kentsu Yabu et Chomo Hanashiro semblent ne pas avoir accepté toutes les transformations et surtout la disparition du sens martial de ces katas. Ceux-ci étaient chargés d'enseigner l'éducation physique et donc le karaté dans des écoles et lycées d'Okinawa et il semblerait qu'ils enseignaient malgré tout la forme éducative à la grande masse des élèves, réservant les formes plus martiales à quelques initiés.

II.D'Okinawa au Japon : apports et transformations

1) Gichin Funakohi : le lien entre Okinawa et le Japon
Instituteur issu d'une famille de la petite noblesse d'Okinawa, il apprit le Shuri Te auprès de 2 maîtres : Anko Azato et Anko Itosu.
A la suite de plusieurs démonstrations pleines de succés, Gichin Funakoshi décide de s'installer au Japon à partir de 1922. Il va lors faire tout ce qui lui est possible pour promouvoir au Japon son art de combat venu d'Okinawa.

Les katas vont jouer un grand rôle dans cette transmission du karaté. Ainsi en juin 1922, lors d'une démonstration dans l'école de Judo du Kodokan devant le fondateur maître Jigoro Kano, Gichin Funakoshi présente le kata Kushanku Daï tandis qu'un de ses élèves exécute Naihanchi Shodan. La démonstration se poursuivit par l'application des techniques des 2 katas.

L'enseignement prodigué par maître Funakoshi était essentiellement basé sur l'apprentissage des katas et de leurs bunkaï(applications). Il n'a d'abord retenu dans son enseignement que 15 katas : les 5 Pinan, les 3 Naihanchi, Kushanku, Passaï, Jion, Jitte, Wanshu, Seishan, Chinto.

Au début des années 1930, Gichin Funakoshi transforme les noms des katas en utilisant des idéogrammes japonais au lieu des idéogrammes chinois. Cela a permis de faire correspondre chaque nom à une image symbolique mais aussi d'intégrer le karaté à la culture japonaise puisque tout ce qui venait de Chine était mal vu dans cette période très nationaliste de l'entre deux guerres.

Pinan devient Heian : "Paix et tranquilité". Passaï devient Bassaï : "Traverser la forteresse".

Naihanchi est devenu Tekki : "Cavalier de fer". Pour Kushanku c'est Kanku : "Regarder le ciel/le vide".

Jion s'écrit avec un idéogramme reprenant le nom d'un temple bouddhique.

Jitte signifie "Dix mains" avec l'idée de 10 adversaires, un autre explication serait que la position Yama Gamae caractéristique de ce kata évoque apparemment l'idéogramme du chiffre 10 ou que cette position ressemble à la forme du saï, arme du kobudo d'Okinawa qui est aussi appelée Jitte.

Wanshû devient Empi c'est à dire "le vol de l'hirondelle" car la vitesse, les pivots, les montées et descente du centre de gravité évoquent cet oiseau en vol.

Chinto devient Gankaku "la grue sur le rocher" à cause de la position Tsuruashi dachi ou Sagiashi dachi sur une jambe caractéristique de ce kata et qui rappelle la position de la grue .

Seishan est devenu Hangetsu "demi-lune" à cause du déplacement en position Hangetsu dachi pendant lequel le pied effectue un mouvement de demi-cercle en avançant.



D'autres katas vont progressivement s'ajouter à son enseignement :

-les formes courtes de Kanku et Bassaï : Kanku Sho et Bassaï Sho.
-Rohaï, qui devient alors Meikyo qui peut signifier "nettoyer le miroir", "miroir clair" ou encore "danse du miroir".
-Chinte, "main calme" ou "main rare"(dans le sens de main cachée). Il fut un temps appelé Soin ou Shoin
-Jiin appelé dans un premier temps Shokyo. Son nom semble faire référence à la compassion et à la bonté ou à un temple bouddhiste.
-Wankan : "la couronne royale"

2) Yoshitaka Funakoshi :

Le 3° fils de Gichin Funakoshi a joué un rôle important sur le plan des évolutions techniques du Shotokan notamment en abaissant les positions, en développant des attaques plus longues telles que des coups de pieds circulaires. Son karaté se rapproche d'avantage de celui d'Anko Azato que de celui d'Itosu, les maîtres de son père.

D'après Masatoshi Nakayama (3), Gichin Funakoshi a envoyé à plusieurs reprises son fils Yoshitaka sur l'île d'Okinawa pour y apprendre de nouveaux katas. D'ailleurs dans son livre Karatedo Nyumon (4) Gichin Funakoshi raconte avoir reçu une lettre d'un vieil okinawaïen lui expliquant qu'il voulait lui transmettre un kata qu'il n'avait jamais enseigné à quiconque. Ce fut donc Yoshitaka qui fut chargé de recueillir ce kata. Lorsqu'il le reçut chez lui, le vieil homme boucla portes et fenêtres avant de lui enseigner le kata. Le kata enfin dévoilé le vieil homme déclara qu'il pouvait enfin mourir en paix. Il lui expliqua aussi qu'il avait été harcelé par un homme qui voulait absolument apprendre ce kata et auquel il avait finalement montré une forme incomplète. Comme le fait judicieusement remarquer Gichin Funakoshi cela peut permettre d'expliquer les variations qui peuvent exister pour un même kata. De la même façon il note que la transmission peut toujours être altérée par une mauvaise compréhension de la part de l'élève.

Ce kata appris par Yoshitaka est peut-être Sochin puisque ce dernier l'a introduit dans le Shotokan japonais. Il l'aurait en fait créé à partir d'une version okinawaïenne de l'école de Niigaki (expert du Tomari-te). Ce kata a porté un temps le nom de Hakko avant d'être baptisé Sochin "Force(So) tranquille(Chin)".

Yoshitaka est aussi à l'origine de modifications à l'intérieur des katas. Par exemple dans le kata Kanku Sho, tout en respectant le rythme et l'embusen (5) transmis par son père, il introduit dans la dernière phase du kata un saut avec mikazuki geri et ushiro geri en retombant.

Enfin il est à l'origine de la création des 3 premiers katas Taikokyu. Ce sont des katas de formation physique mais ils correspondent aussi à la volonté de Yoshitaka de pratiquer un karatedo dépouillé de toutes fioritures, de le réduire à sa plus simple expression à travers des techniques simples et efficaces. Le mot Taikokyu signifie d'ailleurs " efficacité totale ou ultime ".

3)La fixation des katas du style Shotokan :

Cette fixation est en grande partie l'oeuvre de Masatoshi Nakayama, fondateur de la Japan Karate Association (J.K.A).

Il a tout d'abord repris les 15 katas de Gichin Funakoshi ainsi que les apports de Yoshitaka Funakoshi. Il a ensuite réintroduit Nijushiho ("24 pas") et Gojushiho ("54 pas", appelé d'abord Hotaku, "Pic vert", à cause de certains mouvements répétés qui rappellent cet oiseau), qu'il indique avoir appris auprès du fondateur de l'école Shito ryu Kenwa Mabuni. Ce kata se nomme aussi Niseishi en Shito ryu. Ce kata tire ses origines de l'école de Niigaki tout comme Sochin. Harry Cook indique pourtant que Nijushiho et Gojushiho étaient déjà connus des pratiquants de karatedo Shotokan dès 1922 puisqu'ils sont cités dans le premier ouvrage de Gichin Funakoshi "Ryûkyû Kempô Karate" publié à cette date. Ils sont encore présentés dans un ouvrage de 1930 "Kempô Gaisetsu" publié par des karatékas de l'université de Tokyo (Nisaburo Miki et Mizuho Mutsu). On retrouve Nijushiho exécuté par des karatékas de l'université de Keio dans un film probablement tourné en 1932. En 1933 Mizuho Mutsu inclut ces katas dans un autre ouvrage intitulé "Karate Kempô". Aucune explication à leur disparition temporaire n'a été trouvée jusqu'à présent.

Masatoshi Nakayama est peut-être aussi à l'origine de l'introduction du kata Unsu ("Main en nuage") lui aussi issu de l'école de Niigaki. Enfin il est l'organisateur des premières compétitions kata peu après la mort de Gichin Funakoshi.

En conclusion :

Il semble difficile de retrouver les origines les plus anciennes des katas que ce soit pour le style Shotokan ou pour les autres styles. Au mieux nous pouvons remonter au XIX° siècle pour des témoignages précis pour les périodes antérieures nous ne pouvons qu'essayer d'interpréter des récits légendaires. Malgré tout l'origine chinoise de la plupart des katas du karate d'Okinawa ne semble pas faire de doute.

Au-delà de cette constatation nous pouvons penser que chaque professeur ou maître a pu apporter sa propre touche à chacun des katas, parfois par son interprétation ou sa propre réflexion mais aussi par une mauvaise compréhension. La transmission uniquement orale et visuelle des katas peut expliquer de tels phénomènes. Même s'ils sont pour nous une référence et un vecteur de transmission des techniques, il faut accepter l'idée que les katas n'ont jamais eu une forme unique et fixée pour toujours.



(1) Kamae (ou gamae) : mot japonais désignant la garde d'un combattant .

(2) kenjutsu : technique du combat au sabre

(3) Harry Cook, La grande histoire du karaté Shotokan, Budo éditions, 2004

(4) Gichin Funakoshi, Karatedo Nyumon, Budo éditions, 2000

(5) Embusen : plan d'un kata.



Les katas du Noha-te.

saifa:
signifie "grande vague"ce kata est d'origine chinoise (zuo-fa) et aurai été introduit par Miyagi après son retour de chine, il contient de nombreuses techniques circulaires

version shito: http://www.shitokai.com/movies/saifa.php

version goju: http://www.spokanekarate.com/kata/saifa.wmv

sanchin:
le nom vient du chinois sam-chien, ce qui signifie trois pas, trois phases, trois forces(parfois aussi traduit par trois batailles), ce kata viendrait(pour le naha-te) de l'expert chinois Cheung Siu-Shu du style de la grue blanche.
pour l'evolution de ce kata, il semble que le mode respiratoire originel n'est pas été conservé par Miyagi.
le kata en question n'a apparement pas été conservé en chine, ce qui s'en rapproche le plus est le siu-nim-tao et le Bil-jee du Wing-chun

version shito: http://www.shitokai.com/movies/sanchin.php

sanseru:
aussi sanjuroku, soit "36", ce qui est un diviseur de 108(lire au-dessus)
aurait aussi un sens caché, 3 représentant les passé/présent/futur et 6*6 les 5 sens auquels s'ajoute l'esprit et les 5 sensations liées au sens auxquelles s'ajoute la justice....
ce serai donc un rappelle des valeurs et des principes importants

seienchin:
origine exacte inconnue(une possible derivation du xing-yi-quan)
sa lecture chinoise (sui-yun-jing) suivre-mouvement-force/energie c'est un kata qui developpe l'assise en corps à corps pour partir dans des projections/casse. c'est aussi un kata dur physiquement qui par son approche d'alternance entre contraction et relachement, lenteur et rapidité se rapproche de la démarche de sanchin...enfin c'est mon avis.

version shito: http://www.shitokai.com/movies/seienchin.php
version goju: http://www.spokanekarate.com/kata/Seiyunchin.wmv

seipai:
signifie "18" donc de nouveau un diviseur de 108
le nom evoquerai la boxe luo-han-quan.
comme beaucoup de kata goju, il présente une alternance de souplesse et de force, je trouve à titre personnel que c'est un kata très complet et très bien structuré...très varié(en gros c'est un de mes chouchoux.

version shito: http://www.shitokai.com/movies/seipai.php

seisan:
signifie "13" c'est un kata qui s'est beaucoup modifié selon les écoles qui le possedent dans leur enseignement, c'est un kata présent aussi en shuri-té(hangetsu en shotokan)...il contient des techniques très courtes de poing et de pied, donc comme tout le naha-té ou presque clairement corps à corps.
comme seipai, il est clairement marqué par l'alternance GO/JU...

version shito: http://www.shitokai.com/movies/seisan.php

version shotokan: http://johnny5425.free.fr/kata/hangetsu/hangetsu.htm

shisochin:
origine chinoise,(shi-zen-jing) vraie force-tenir ou etrangler-energie
travail au corps à corps comme d'habitude, avec un travail de bunkai très interessant et très varié, des techniques courtes dont quelques coups de coudes directs...

version shito: http://www.shitokai.com/movies/shisochin.php

version goju: http://www.spokanekarate.com/kata/Shisochin.wmv

suparinpai
signifie "108"
ce kata s'executait selon trois variantes en chine, dai, chu, sho, le kata présent en naha-te est la version sho.
ce kata est consideré comme le plus complexe du goju-ryu, il se caracterise par un grand nombre de techniques doubles et par l'usage des mains ouvertes, la position sanchin dachi est ici plus souple et moins vissée que dans sanchin.

version shito: http://www.shitokai.com/movies/suparinpei.php

tensho:
traduction: paumes tournantes(concept du tuishou/kakié à okinawa)
ce kata a été créé par Miyagi très certainement d'après le kata rokkishu qu'il a étudié en chine, c'est un kata très souple et relaché, il se rapproche de sanchin en un peu plus élaboré, et correspond de maniere plus évidente encore au tao lu de wing-chun, siu-nim-tao.
c'est un kata simple mais très interessant et qui plus est, très relaxant je trouve....

version shito: http://www.shitokai.com/movies/tensho.php


kururunfa:
traduction possible: methode des monts Kun-Lun(Kun-lun-fa)
c'est un kata qui met l'accent sur les esquives et la distance de combat, beaucoup de techniques mains ouvertes...

version shito: http://www.shitokai.com/movies/kururunfa.php



 

 

Historique des Katas Shito-ryu:

(Origine du texte: Shitokai karate club) 

Aoyagi:
Kata de self-défense développé pour les femmes par Maître Mabuni.

Bassai-dai: Est probablement le kata le plus populaire parmi les branches diverses de karaté. Il est souvent utilisé comme le principal kata pour le grade Shodan (le 1er degré (diplôme) de ceinture noire). Le maître Sakagami de l'Itosukai cite 5 variétés différentes dans son livre : "Itosu, Matsumura, Tomari, Oyadomari et Ishimine". C'est un kata difficile qui demande beaucoup d'exigence et nécessite de longues heures de pratique.

Bassai-sho: C'est un kata unique qui dépeint la défense contre une personne (bo). Il contient entre autre un pivot difficile sur une jambe, lequel rend ce kata difficile à maîtriser.

Chinte: il est classé par le Maître Sakagami dans la même famille que le kata Chinto, qui nous est parvenu de la région de Shuri. Ce kata contient deux techniques de doigt s’attaquant aux yeux.

Chinto: La version Itosukai a été développée par le Maître Itosu de la région de Tomari. Il dispose de beaucoup d’attaques et blocages à mains ouvertes ainsi qu’un double coup de pied sauté.

Gojushiho: Ce kata était populaire parmi les guerriers dans la Région de Shuri. C'était le kata favori de Maître Mabuni. Selon Maître Sakagami, c'est un kata représentatif, héritage du karaté Shuri-te du style Itosu.

Ishimine Bassai: Ce kata est très semblable à la version Bassai-dai de Maître Itosu et certains croient même que Maître Ishimine l'a basé sur le Bassai-dai d'Itosu.

Jitte, Jiin, Jion: Trois kata de la région Tomari d'Okinawa. Tous les trois commencent par la main gauche ouverte sur le poing droit (au niveau de la pomme d'Adam), évocateur du kempo chinois. La fréquente utilisation de la position shiko-dachi fait de ceux-ci de bons katas pour développer l'équilibre.

Kusanku-dai (Kosokun-dai, Kanku-dai): Selon Maître Sakagami, qui fait référence aux écritures de Maître Ohshima, ce kata a été rapporté à Okinawa par un officier militaire en 1762. Il était populaire dans la région de Shuri d’Okinawa et le Maître Sakagami en cite un certain nombre de variations dans son livre sur le kata.

Kusanku-sho (Kosokun-sho): Cette version a été développée par Maître Itosu.
Matsumura Bassai: Maître Sakagami a écrit que ce kata a été transmis du Maître Tawada au Maître Chibana, qui l'a retenu comme un de ses favoris.

Matsumura Seisan: Un kata du style Higashionna de la région du Naha.

Matsumora Rohai: Un autre kata du style Matsumora de la région de Tomari. La position sur une seule jambe rencontrée dans ce kata rend celui-ci plus gracieux.

Naifanchin (Naihanshin) Shodan, Naifanchin Nidan, Naifanchin Sandan (Naifanshin 1-3): Trois katas très rapides, puissants dans lesquels le mouvement est entièrement orienté dans une direction oblique.

Niseishi: Un favori de cet auteur, ce kata provient du style Aragaki. C'est un kata court avec une feinte aux yeux suivi par une projection au sol, faisant appel à d’intéressants changements de direction en équilibre.

Pinan shodan, Pinan nidan, Pinan sandan, Pinan yondan, Pinan godan (Pinan 1-5): Ces katas ont été développés par Maître Itosu pour permettre l'étude de longs et difficiles katas connus comme Kusanku-dai (aussi connu comme Kanku-dai et Kosokun-dai). Afin de faciliter l'apprentissage de ce kata complexe, il a été divisé en 5 parties en variant les difficultés.

Rohai Shodan, Rohai Nidan, Rohai Sandan: Trois katas gracieux dans lesquels la position Sagiashidachi (la position du héron) ou l'équilibre sur une jambe est utilisé (Rohai-shodan) et l’emploi simultané des deux mains (Rohai-nidan). Tous les trois disposent de la position shiko-dachi couplée généreusement avec un kakiwake uke à la fin du kata.

Saifa: Un kata qui trouve ses racines dans le kata, Gekisai. Il contient beaucoup de techniques pour permettre de combattre à distance rapprochée.

Sanchin: Kata de base du style Higashionna, la respiration régulée de ce kata ainsi que la concentration requise rendent ce kata indispensable pour apprendre l'essentiel sur la respiration et l’orientation par rapport au mouvement.

Seienchin: Un kata du style Higashionna. Il commence par la séquence des shikos exécutés lentement, régulés par la respiration. S’opposent à cela les séquences explosives qui rendent ce kata très populaire pour des démonstrations.

Seipai: Maître Sakagami attribue les racines de ce kata aux 18 bases du style du Sud du Shorinken. Ses mouvements difficiles en font un kata souvent exécuté aux compétitions.

Seisan: Un des plus court kata de la branche Naha du karaté.

Shiho Kusanku (Shiho Kosokun): Cette version a été aussi développée par le Maître Itosu. Shiho signifie "4 directions" en japonais et est indicatif des directions des mouvements dans ce kata. Il contient moins de pas que dans Kusanku-dai.

Shisochin: Semblable à Sanchin, sauf que ce kata fait appel à l'utilisation presque exclusive de coups transmis à mains ouvertes.

Sochin: Un autre kata préféré de Maître Mabuni. Ces changements de la vitesse d'exécution en font un kata très intéressant.

Suparinpei: Très long kata du style Higashionna, en raison de sa difficulté et de sa longueur, c'est un autre kata rendu populaire et exécuté dans les compétitions katas.

Wankan: Un kata du style Matsumora de la région de Tomari.

Wanshu: Selon Sakagami, il y a deux types de kata "Wanshu" : la version de "Matsumora " et celle de "Itosu " qu’il a développées de la version Matsumora, en y incorporant une majorité de techniques trouvées en lui.

Unshu: Un autre kata du style Aragaki, avec le pique d’un doigt, l’index, (ippon nukite) et le coup de pied arrière, ont rendu ce kata populaire pour des compétitions. C'est le kata favori de Maître Fujita d'Osaka.

 



Ne pensez pas que vous devez gagner, mais plutôt que vous ne devez pas perdre.
Gichin Funakoshi




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